



Il est heureux de constater qu'en ce début de 21ème siècle certains musiciens maintiennent allumée la flamme du rock'n'roll originel. Hanni El Khatib est de ceux-là. Fruit d'un métissage palestino-philippin mais réchauffé depuis sa tendre enfance par le soleil californien, ce multi-instrumentiste à la voix lascive est habité par le nectar d'une culture américaine désormais inscrite au patrimoine de l'humanité, celle des Cadillacs aux ailes sculptées, des « Diners » en tôle chromée, des guitares demi-caisse en bois vernis et des heures passées à cruiser sur des boulevards interminables. Mais si la musique d'Hanni El Khatib s'inscrit dans le sillage de légendes intemporelles, de Johnny Cash à Sam Cooke en passant par le King en personne, elle ne s'encombre pas d'une posture trop solennelle ; ici l'esprit est punk et mâtiné d'une irrévérence enthousiasmante. Accompagné des rythmes sauvages d'une simple batterie, Hanni El Khatib joue et chante comme si sa vie ne tenait plus au mince fil qu'une créature fatale au parfum suave pouvait décider de couper sans préavis. Et c'est pour ce genre de choses qu'on ne se lassera jamais d'artiste de cette trempe. A voir donc, non à vivre, et cela sans modération aucune.