Amon Tobin
Ce que vous tenez entre les mains est un évènement, et constituera un précèdent historique dans l'industrie de la musique et des jeux vidéos ! C'est en effet la première fois qu'un musicien s'attelle à composer la bande sonore d'un jeu vidéo. Après 5 albums et auréolé d'une réputation exceptionnelle sur la scène électronique, Amon Tobin se lance un défi totalement inédit : et le résultat est éloquent ! Fidèle tout autant à lui-même qu'à l'esprit du jeu, le sorcier brésilien s'aventure brillamment là où personne n'est allé avant lui.
Il semblerait qu'à l'aube du XXIème siècle, l'industrie du jeu vidéo dégage un chiffre d'affaires supérieur à celui d'Hollywood. Dès lors, cela ne devrait pas vous étonner que, pour le 3ème volet de sa série à succès Splinter Cell, l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft exige mieux que l'infâme mixture incohérente de rengaines pop ou l'insipide musique « atmosphérique » jouée à un doigt par un musicien raté sur son synthé Fisher Price que l'on nous sert habituellement. Les petits gars d'Ubisoft ont donc fait appel à la crème du monde du cinéma et d'ailleurs, et ont ‘auditionné' des noms aussi célèbres que Lalo Schiffrin.
Au final, ils ont privilégié l'audace, en choisissant certes un grand artiste, mais qui n'avait jamais réalisé de BO de film et encore moins de jeu vidéo. Et cet artiste, c'est Amon Tobin. Et comme on pouvait s'y attendre, Amon va totalement révolutionner le genre et démultiplier ce que l'on peut espérer d'une modeste bande originale de jeu vidéo. Comme il l'explique lui-même, « j'ai essayé de composer la musique comme s'il s'agissait de la partition d'un film de Dario Argento ». Que vous aimiez ou non la musique d'Amon, aucun autre jeu n'a jamais sonné ainsi. Cette œuvre pionnière est la première du genre.
Un disque électronique produit quasi exclusivement à partir d'instruments acoustiques, où chaque son a été amoureusement trafiqué et re-trafiqué, délicatement remodelé et caressé, avant d'être bombardé de centaines de mégavolts qui le transpercent de part en part : on retrouve une nouvelle fois la marque de fabrique bourrée d'adrénaline d'Amon. Pour sa toute première BO, il s'est évertué à générer une véritable partition qui suscite une ambiance homogène, davantage que des morceaux déliés les uns des autres. Il y développe donc des thèmes récurrents, autour desquels il organise quelques clins d'œil à ses modèles du genre parmi les plus grands compositeurs de génériques de films. Ce qu'il résume mieux que quiconque : « C'était tout autant une occasion de rendre hommage à certains des meilleurs musiciens du cinéma que d'essayer de créer une œuvre authentique ».
Probablement premier véritable générique de jeu vidéo à être édité sous forme d'album (et surtout à le mériter !), c'est également un disque hallucinant, une nouvelle pierre angulaire du catalogue d'Amon Tobin… Sautez dessus avant qu'un sniper psychopathe au sang bouillonnant rendu fou par trop de temps passé avec sa seule console comme compagnie ne vous transforme la tête en pastèque. Vous êtes prévenu…